Barbara Goguier

« Je crois des choses », une oeuvre thérapeutique

Je retrace et vous partage le cheminement duquel a éclos l'oeuvre sonore "Je crois des choses".
Extrait manuscrit séance des tables représentant l'oeuvre sonore de Barbara Goguier

"Chose inouïe, c'est en dedans de soi qu'il faut regarder le dehors" Victor Hugo

Une oeuvre thérapeutique

Cette oeuvre est la concrétisation d’une somme de créations d’une part et d’un parcours de vie d’autre part. Pour l’évoquer, il me serait difficile de faire l’économie d’explications plus personnelles. 

Tout d’abord, ce sont les obstacles qui m’ont poussé à voir les choses autrement et forger ma créativité. J’ai surmonté et  dépasser des frustrations, des peines, des colères et un sentiment de ne pas « y arriver ». Pour cela, j’ai dû mettre au défi ma capacité de créer et surtout celle d’aller jusqu’au bout. J’ai appris à lâcher l’acharnement pour entrer dans une forme de persévérance constructive. 

À vrai dire, j’ai redéfini les formes de cette création tant de fois, que mon travail se rapproche de celui d’un artisan ou d’un sculpteur. Puisque j’ai fait, défait, redéfait, remonté, déconstruis et malaxé ma matière. Et cela sur 7 ans depuis 2015, avec des épisodes éparses entre 1997 et cette période. Soit 25 ans!

Première rencontre avec ces textes

La première fois que je découvre ce montage de textes de Victor Hugo et du Livre des Tables (les séances spirites de Jersey), c’est en 1997. Alors, j’assiste à une mise en scène de Madeleine Marion, «… Égaré dans les plis de l’obéissance aux vents ».

Dès la sortie, je me précipite pour acheter le livret. Là, je vois que ce montage est une création de  Madeleine Marion accompagnée du comédien Redjep Mitrovista et du poète  André du Bouchet. Une trinité!

J’étudie ces textes pendant quelques années, notamment pour passer des auditions et les reprend en 2005 afin d’obtenir mon diplôme d’études théâtrales au conservatoire d’Orléans. À l’époque, des membres du jury affirment que je suis « trop fragile pour faire ce métier malgré mes qualités indéniables de comédienne »

Le refuge

Au début, ces textes m'apportent soutien et apaisement sur des questions métaphysiques.

Telle une bouffée d’air, une lueur d’espoir, ils recèlent une part du mystère et semblent répondre à mon interrogation d’une vie après la mort. En effet, depuis le décès, en 1995, de mon grand-père maternelle, avec lequel j’ai grandi, cette équation insolvable tourne en boucle dans ma tête d’adolescente.

À compter de ce jour, j'ai l'intention improbable de percer le mystère de la mort.

Quoi de mieux que ce montage de textes faisant parler la mort elle-même? Pensai-je alors.

Petite retrospective de mon histoire

1997-2003

J’aime faire rire et donner le sourire aux personnes que j’aime. Alors mes proches m’encouragent, en 1997, à passer le concours d’entrée au Conservatoire d’Orléans. À 16 ans, j’intègre la classe d’art dramatique.  À cette époque, je nourris l’aspiration d’être actrice et de tourner dans des séries américaines!

De part ma jeunesse, je suis extrêmement poreuse aux paroles et aux enseignements que je reçois. Très vite, l’ambiance devient compétitive et j’ai le sentiment de perdre tous mes moyens.

Le doute s’installe et il est tenace. Pourtant, je décide d’en faire mon métier.

Je signe mon premier contrat professionnel à 21 ans, grâce à mon professeur de théâtre du conservatoire, Christian Massas (alias Amédée Bricolo). Cela me redonne une once de confiance.  Dans la foulée, je pars à Paris afin de poursuivre ma formation de comédienne. En même temps, je sombre dans une dépression que je cache tant bien que mal. Ayant le don de faire rire, je l’utilise à outrance.  Autrement dit, je me construis autour d’un personnage extraverti et rigolo mais au combien triste au fond.

2004 - 2015

En 2004, je quitte Paris pour repasser l’audition du Conservatoire d’Orléans, en vue de passer un diplôme. La France  et la tradition étant solidement attachées à ces bouts de papiers,  je m’y attèle et l’obtiens en 2005.

 Après quelques contrats professionnels, je valide bientôt mon statut d’intermittente.  Je joue et danse,  puisque j’ai ces deux compétences, pendant près de 15 ans. Je travaille pour des metteurs en scène et des chorégraphes, dans des cabarets de music hall et je finis par tourner dans quelques clips et décrocher un rôle dans une web-série. C’est mon métier, et je fais ce que l’on me demande. 

2015 - 2022

Jusqu’au jour où je ressens ce besoin de créer par moi-même. De dire ce que j’ai sur le coeur et d’être une créatrice autonome, comme je l’ai appris lors d’un stage en 2009. (Pour en savoir plus, vous pouvez visiter cet article et ma biographie). 

À cette époque, je me lance sans grande confiance tout en faisant de mon mieux. Au fond, j’ai cette impression que quelque chose m’empêche d’accéder à ma créativité. Je me sens viscéralement incapable et illégitime. En somme, me voilà persuadée qu’il me faut changer quelque chose chez moi.

Un art thérapeutique

J’entreprends alors une véritable thérapie pendant ce voyage créatif. Muni de ma caméra, j’arpente pendant un an, la forêt de Bucy Saint-Liphard et la campagne bordelaise. Je pars en périple pour comprendre, cerner, chercher, trouver des réponses à mes questions tant métaphysiques que psychologiques. Carl Gustav Jung, Victor Hugo et Le Livre des Tables sont mes fidèles compagnons. 

Au bout de cette année, je concrétise une vidéo performance « Naissance de Sadaka Diwali ». Elle signe le début de l’acceptation pleine et entière de toutes les parts en moi. Celles qui sont en colères et dépressives.  Celles qui crient, qui suintent, dégoulinent, se sont cachées, tues. Sans oublier les parts honteuses et destituées. En résumé, toutes ces parts rejetées et bannies.

Cette première étape signe la re-naissance de ma part créatrice

De là suivent les autres créations qui découlent de ces textes:

  • « Je crois des choses qui n’ont pas de contours »
  • Une série de dessins et peintures
  • La création d’un oracle
  • Et l’oeuvre sonore « Je crois des choses ».

En conclusion

À travers mon art et mes pratiques, j’ai pu toucher le sentiment d’être reliée à tout ce qui est. Toutefois, je me suis perdue dans une spiritualité parfois feinte, parfois surranée. Parce que je cherchais des réponses autant dans des livres new âge que des ouvrages anciens, pour percer un mystère qui doit simplement le rester. 

Finalement, grâce à ce parcours, j’ai pu ramener mon esprit dans la matière, mon être dans ce corps, pour l’habiter pleinement. De même, j’ai pu accepter ma propre mortalité et celle de mes proches.  Cela m’aura permis de retrouver une foi emprunte de liberté, de douceur et de confiance en la vie. 

Je crois des choses me rappelle également les dires de ceux qui me racontaient mieux que moi-même et qui posaient des étiquettes auxquelles je croyais. Ce rappel m’incite donc à une vigilante attention: de ce (en) que je crois et de ce à quoi je donne du pouvoir dans ma vie. 

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Barbara Goguier

Artiste-Auteur/Créatrice d’univers scénique, visuel et sonore

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